Samuel BUCKMAN


    Samuel Buckman est né en 1972 à Saint-Omer, à l’orée des marais de l’Audomarois où l’on cultive encore des chouxfleurs et des artichauts – deux fleurs qu’il aime cuisiner et manger. Après une vingtaine d’années passées dans un trou noir, il naît une seconde fois en 1992, lorsqu’il entre à l’École des Beaux-Arts de Dunkerque.

Il vit maintenant à Caen, en Normandie, et s’évade quelquefois à la découverte de nouveaux horizons, même s’il conserve au fond de lui un grand attachement aux paysages du Nord. Il aime travailler avec d’autres pour expérimenter de nouvelles énergies, comme au sein du collectif d’artistes CLARA, ou avec la danseuse et chorégraphe Viviana Moin avec qui il explore le champ de la performance, et esquisse d’autres formes de dialogue artistique avec des autrices comme Perrine Le Querrec, Mélanie Leblanc ou Albane Gellé. Il aime aussi les résidences artistiques qui sont prétextes aux rencontres pour enrichir et déplacer ses projets. Lorsqu’il est seul, il marche dans des zones portuaires, des chantiers désaffectés ou à travers champs, comme dans les films de Bruno Dumont. Durant ses déambulations, il filme la danse des objets inertes que le vent anime, ramasse des objets rebuts, clous rouillés, cornets de frites, tessons de céramique et billes en tous genres porteurs d’un « potentiel possible ». Il dessine chaque jour, sans préméditation. Chaque dessin est un cri. Ses œuvres sont autant de prélèvements de vie, aléatoires parfois, tranquillement fragiles.

 

    Nous sortons d'une crise sanitaire qui nous a obligés à rester chez nous. Ce temps a permis de faire des choses qu'habituellement nous ne faisions plus, bien souvent par manque de temps, mais surtout d'explorer des champs nouveaux que nous avions mis de côté. Maintenant, même si la situation reste fragile et tendue, il me semble important de réinvestir les lieux, par la culture, tout en s'interrogeant sur cette nécessité.

Sensible à ce qui caractérise l'identité d'un territoire, je me suis souvent tourné vers des établissements d'enseignements professionnels pour des besoins spécifiques à mes projets. En 2007 dans le cadre du 1% artistique pour la médiathèque d'Armentières, j'ai travaillé pour la première fois avec plusieurs lycées professionnels. Les lycéens ont notamment réalisé des lettres en fonte d'aluminium ou encore repeints une voiture des années 50 avant d'intégrer le patio de la médiathèque. Ce type de collaboration m'intéresse puisqu'il permet de mettre en place, en adéquation avec le projet artistique, un travail de sensibilisation avec les élèves, d'être dans une valorisation spécifique, une autre économie et d'être immergé dans une réalité concrète et quotidienne. Étant donné la grande richesse de métiers et d'entreprises présents dans l'agglomération de Dunkerque, j'ai senti qu'il serait possible de travailler dans ce sens.

La dimension d'œuvre dans l'espace public n'est pas très manifeste dans mon travail hormis des interventions discrètes et éphémères comme le collage d'affiches, écrire à la bombe aérosol ou encore arroser les "mauvaises herbes". L'extérieur, c'est-à-dire la ville mais aussi la campagne, ont toujours été des lieux de travail comme des ateliers à ciel ouvert. Le vent, très présent sur le territoire de Dunkerque, lui forge une identité particulière, est dans ma pratique artistique utilisé comme un outil de travail. J'ai réalisé plusieurs dessins avec l'aide du vent, ou encore filmé la danse des objets inertes. Habituellement, je capte ou empreinte des éléments de l'extérieur pour les présenter à l'intérieur. Pour L'art dans la ville, j'avais envie d'inverser le sens de mon processus habituel.


 

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